Discours de Sophie Devedjian lors de la commémoration du 24 avril 2024 au Parc de Sceaux (92)
[24 avril 2024] - Sophie Devedjian

J’ai épousé l’Arménie en me mariant...

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Discours de Sophie Devedjian lors de la commémoration du 24 avril 2024 au Parc de Sceaux (92)

J’ai épousé l’Arménie en me mariant.

Parce que, comme tous les Arméniens, le génocide structurait Patrick, sa vie, ses convictions, son engagement politique. L’aimer, vivre avec lui, c’était comprendre cette identité fondamentale, découvrir l’Arménie et l’aimer.

Comment supporter de faire partie d’un peuple exterminé pour le seul crime d’être né dans ce peuple ? Cette souffrance que partagent toutes les victimes de génocide, les juifs, les assyro-chaldéens, les tutsis, et d’autres ne peut être apaisée que par la reconnaissance.

Le premier combat fut donc celui de la reconnaissance, et d’abord par son pays, la France. La loi du 29 janvier 2001 reste  certainement l’un des plus beaux jours de sa vie.

Mais les Arméniens ne sont pas que des victimes. Ils portent une longue histoire, une grande culture, une langue, une civilisation, dont ils peuvent être fiers et qu’ils doivent poursuivre. Aujourd’hui c’est d’abord en Arménie que cette culture peut vivre et s’épanouir.

Aider et conforter l’Arménie, indépendante depuis 1991, était ainsi devenu un objectif primordial pour Patrick.

Sans ressources naturelles, sans accès à la mer, enclavée entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, manipulée par la Russie, ce petit pays, grand comme la Belgique, qui compte moins de 3 millions d’habitants, est dans une situation géopolitique extrêmement difficile.

Qu’importe ! Patrick n’a cessé de travailler à multiplier les accords de coopération économique, médicale et culturelle, comme à faire connaître et soutenir le Fonds arménien de France qui y finance les infrastructures et les équipements.

Avec le département des Hauts-de-Seine, il a initié dès 2008 une coopération pour développer l’agriculture dans la région du Tavouch, coopération exemplaire et votée à l’unanimité, poursuivie sans faille par Georges Siffredi jusqu’à aujourd’hui : l’indépendance alimentaire est la première des libertés.

Aujourd’hui, c’est l’existence même de l’Arménie qui est en question. 
- La guerre des 44 jours à l’automne 2020, 
- le blocus de l’Artsakh, pendant 9 mois,
- l’épuration ethnique des 120 000 habitants arméniens qui y vivaient depuis la plus haute Antiquité, 
- la destruction des églises pourtant classées au patrimoine de l’humanité, 
- et maintenant la volonté exprimée à haute voix par l’Azerbaïdjan d’envahir le Syunik (sud de l’Arménie) pour établir la continuité territoriale avec la Turquie,
Cette succession dramatique nous angoisse profondément.

La France est le meilleur allié de l’Arménie, qu’elle soutient dans les instances internationales et européennes. Elle a permis l’envoi d’une mission d’observation sur la frontière arméno-azérie, elle vient d’engager une coopération militaire active. Mais la France est bien seule.

Ce sont pourtant leurs valeurs et leurs intérêts, que l’Europe et toutes les démocraties devraient ici défendre énergiquement face à des despotes qui ne rêvent que de conquêtes et d’asservissement.

L’exemple de Missak et Méliné Manouchian nous aident à ne pas désespérer, mais au contraire à nous mobiliser sans relâche. Et croire, comme le dit Charles Péguy en « la petite espérance qui n’en finit pas de nous étonner ».

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