Les Actus
Retour aux sources
édito Bédros Terzian
[09/06/2022] – Bédros Terzian
La « guerre des 44 jours » a changé la donne socio-économique. En Artsakh et dans le Syunik (Arménie), la perte de terres agricoles impose une reconversion urgente des cultures et de l’élevage.
Le blocus gazier imposé l’hiver dernier par Bakou à l’Artsakh démontre l’impérieuse nécessité de l’indépendance énergétique et donc du solaire.
Et surtout, des faiblesses fondamentales dans l’éducation, les sciences, l’agriculture ont été mises en exergue. Le redressement exige un effort soutenu de très longue haleine. Certes, l’agression azérie a suscité une mobilisation énorme. Les dons ont afflué lors de la guerre et après. Un an plus tard, le Phonéthon et le Téléthon de novembre 2021 ont démontré que l’élan de solidarité n’était pas retombé. Ce qu’il faut maintenant ce n’est pas une réaction ponctuelle à la suite d’un évènement brutal mais un renforcement dans la durée du tissu socio-économique de l’Arménie et de l’Artsakh.
Lorsque le Fonds Arménien est né, en 1992, des milliers de donateurs ont adhéré à des versements mensuels à son profit. La jeune organisation pan-arménienne était alors concentrée sur la reconstruction de la zone du séisme, le désenclavement de l’Arménie (blocus turco-azéri) et les infrastructures les plus urgentes (routes Arménie-Iran et Arménie-Artsakh).
Aux côtés des dons ponctuels qui, par nature, sont fluctuants, les contributions mensuelles ont permis de mener à bien de nombreuses réalisations : plus de 1500 si l’on n’en retient que les plus importantes (routes, canalisations d’eau, écoles, dispensaires, gazoducs, réseaux électriques, agriculture, élevage, etc.) et plusieurs milliers si l’on veut les énumérer toutes (distribution de plants d’arbres fruitiers, de semences, de motoculteurs, de ruches, équipements d’écoles, panneaux solaires, colis alimentaires aux réfugiés…).
Aujourd’hui, il faut impérativement reprendre ces contributions mensuelles car les grands efforts d’investissement qu’il faut mettre en œuvre dans les années à venir requièrent des budgets conséquents et stables. Les réactions à chaud permettent de répondre à des besoins d’urgence, mais le développement de la science, de l’éducation, de l’agriculture requiert des contributions régulières, dans la durée. En somme, un retour aux sources.