Les Actus
Rencontre:
Philomène Chivard, un
engagement “volontariste”
[29/07/2021] – Jean-Jacques Avédissian
Dans le cadre du Service civique, Philomène Chivard (à droite) a travaillé neuf mois au bureau du Fonds Arménien mondial Hayastan à Erevan. L’occasion de faire de nouvelles rencontres et de découvrir un pays et sa culture.
Depuis 10 ans, des milliers de jeunes âgés de 16 à 25 ans peuvent s’engager, en tant que volontaires, dans des missions d’intérêt général de 6 à 12 mois, en France ou dans plus de 90 pays à travers le monde, sans condition de diplôme, dans le cadre du Service civique. Philomène Chivard raconte son expérience en Arménie. « Ce fut une découverte incroyable ».
Vous êtes originaire d’Alençon, en Normandie, et vous avez passé 9 mois en Arménie jusqu’en mai 2020, dans le cadre d’un service civique. Comment tout cela a-t-il commencé ?
Philomène Chivard : Je venais de finir mon Master en communication des entreprises à Lille et avant de me lancer dans la vie active, je voulais vivre une expérience à l’international et mettre un pied dans le monde associatif. L’Adice (Association pour le Développement des Initiatives Citoyennes et Européennes) une association lilloise proposait des missions dans le cadre du système du Service civique institué par l’Etat français en 2010. Sur le site service civique. gouv, j’ai remarqué des missions intéressantes en Arménie. J’ai signé un contrat avec l’Adice et AVC (Amenian Volunteer Corp). La structure AVC a ceci de particulier qu’elle ne propose pas de travailler pour elle, mais d’orienter les volontaires vers d’autres associations pour du bénévolat ou un stage.
C’est donc grâce à AVC que j’ai été orientée vers le Himnadram (Le Fonds Arménien mondial), et ISSD (Innovative Solutions for Sustainable Development of Communities), une ONG qui oeuvre dans le domaine du tri sélectif des déchets. ISSD met en place dans les entreprises et les écoles, des containers en bois à deux compartiments, plastique et papier, dont elle assure la collecte. Un service qu’il fait payer. Ma semaine de travail était divisée en deux.
Une diversité très enrichissante. Avec le Fonds Arménien, j’étais dans le social, l’humanitaire et l’international. J’ai réalisé l’importance de la diaspora pour l’Arménie, en particulier de son soutien financier. Avec ISSD (voir page 16), j’ai fait l’expérience d’une entreprise innovante locale, impliquée dans l’environnement et la sensibilisation à l’écologie, notamment auprès d’élèves d’écoles primaires.
Vous ne connaissiez pas l’Arménie avant de vous engager. Que pensez-vous de votre choix après cette mission ?
P.C. : Je ne connaissais que très peu de choses de l’Arménie. Dans la région d’Alençon, il y a très peu d’Arméniens et je n’en connaissais pas. J’avais entendu parler du génocide des Arméniens, sans plus. Je savais que Charles Aznavour était arménien. Surtout, c’était un pays pour lequel je n’avais aucun préjugé, c’était un territoire à découvrir, une sorte de challenge, une aventure.
Depuis mon retour, je n’arrête pas de « vendre », entre guillemets, l’Arménie auprès de mes proches et de mes interlocuteurs. Ce fut une découverte incroyable. L’esprit de famille, la chaleur et la qualité de l’accueil, la richesse de la culture nationale, le respect des traditions associé à une soif d’ouverture sur le monde, l’assimilation raisonnée du modernisme… en font un pays extrêmement attachant et intéressant.
Cerise sur le gâteau, comme le Service civique garantit une indemnisation de 580 euros par mois quel que soit le pays de destination, je n’ai pas eu de soucis financiers durant mon séjour alors même que j’étais en colocation en plein centre ville de Erevan. Sur le plan professionnel, forte de cette expérience, je me suis depuis orientée dans le métier de la communication, non pas vers le marketing comme je l’imaginais au début, mais dans un secteur en rapport avec la pédagogie et la formation professionnelle.
En parlant de communication, la langue a-telle été un obstacle ?
P.C. : La barrière de la langue a été difficile pour ceux qui ne parlaient ni l’arménien, ni le russe, ce qui était le cas de presque tous les jeunes en service, une centaine de personnes. On communiquait tous dans un très bon anglais dans une ambiance très sympathique. On se faisait bien sûr plaisir à parler le français entre la quinzaine de compatriotes que nous étions.
Pour revenir à mon travail de communication, il fut difficile d’intervenir au niveau de la rédaction des textes et de la stratégie, ce qui supposait la maîtrise de l’arménien. Je me suis donc « rabattue » sur des tâches de conseil et de réalisation dans le domaine du graphisme et de la mise en page des flyers, des visuels et des contenus Facebook. J’ai aussi fait pas mal de traductions. En particulier du parrain du Phonéthon du Fonds Arménien de France 2019, Pascal Légitimus. Ma traduction du français à l’anglais a permis celle de l’anglais à l’arménien. Nous avions des cours bi-hebdomadaires d’arménien, que je qualifierais de cours de survie. J’ai déjà presque tout oublié ! Mais je retournerai en Arménie, c’est sûr.