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Les Actus

Nous ne renoncerons pas

[04/02/2021] – René Dzagoyan

L’Histoire ne s’arrête jamais. Elle a continué après nos victoires de 1994, elle continuera après la défaite de 2020.
Après l’accord de Moscou qui devrait nous porter au défaitisme et au découragement, le doublement des dons recueillis par le Fonds Arménien à travers le monde (Phonéthon et Téléthon) envoie un message fort et définitif : on ne renoncera pas. Tout sera mis en oeuvre pour que l’Arménie, l’Artsakh et la Diaspora, ces trois visages d’une même nation, sortent de cette épreuve plus forts que jamais.

Nous sommes un peuple de résilience qui sort toujours grandi de ses épreuves. Après 1915, cette nation que l’on croyait vouée à la disparition, réduite à une poignée d’orphelins aux pieds nus et muets de stupeur s’est, en moins de cinquante ans, reconstituée en une Diaspora puissante et organisée, avec des institutions caritatives mondiales et efficaces.

Nous sommes un peuple de résilience qui sort toujours grandi de ses épreuves. Après 1915, cette nation que l’on croyait vouée à la disparition, réduite à une poignée d’orphelins aux pieds nus et muets de stupeur s’est, en moins de cinquante ans, reconstituée en une Diaspora puissante et organisée, avec des institutions caritatives mondiales et efficaces.
Non seulement cette nation a survécu, mais partout où elle s’est établie, elle a atteint l’excellence et produit des artistes, des savants, des hommes d’affaires, des hommes politiques hors pair. Plus tard, en 1991, après un tremblement de terre qui avait fait 25 000 victimes moins de trois ans auparavant, ce peuple qui aurait dû se réfugier dans l’apathie du chagrin, s’est relevé et a construit un État indépendant.

En 1992-1994, alors que la faim, le froid, l’isolement et tous ses adversaires réunis devaient réduire cet État naissant à néant, son armée de volontaires, sans armes mais à la volonté de fer, a vaincu des forces quatre fois supérieures pour garder à l’Artsakh ces contours qui ont toujours été les siens et qui le resteront. En plus d’un siècle, jamais le peuple arménien, en Artsakh, en Arménie ou en Diaspora, n’a subi d’épreuve sans en sortir plus fort.Nous ne renoncerons pas. Les deux millions d’euros collectés en France lors du Phonéthon en sont le signe évident. Pourquoi avons-nous doublé notre contribution annuelle? D’abord, certes, pour aider les réfugiés jetés sur les routes, pour leur procurer un toit, des soins et le nécessaire à une vie décente. Mais aussi parce que les dons collectés depuis le 27 septembre serviront à consolider à jamais notre présence sur cette terre qui est la nôtre.

Mais que faire demain ?

Personne n’est assez fort pour rester le plus fort tout le temps. Hier, les forces arméniennes ont été surmontées par trois adversaires coalisés, l’Azerbaïdjan, la Turquie et les troupes du Djihad syrien, munis d’armes interdites en quantité inouïe. Mais demain, ces troupes djihadistes disparaîtront sous les coups de ceux qui les ont utilisées pour empêcher qu’elles ne dévorent la main qui les a nourries. Demain, l’Azerbaïdjan, qui tire son unique force de ses ressources énergétiques, verra ses puits se tarir et son gaz lui coûter plus cher que ses profits. Aujourd’hui enfin, cette Turquie, qui alimente une armée hors de ses moyens, commence à s’enfoncer dans une crise économique sans précédent dont elle ne sortira pas avant longtemps. Lorsqu’on réfléchit à l’avenir de l’Arménie et de l’Artsakh, il nous faut garder en mémoire deux principes majeurs : l’Histoire ne s’arrête jamais et personne n’est assez for t pour rester le plus fort tout le temps.

La défaite de novembre 2020 est, en grande partie, le résultat d’une erreur de jugement collectif. Après le cessez-le-feu de 1994, nous avons longtemps cru que la paix serait éternelle. La couardise légendaire du soldat azéri, le traité militaire entre l’Arménie et la Russie, l’antagonisme russo-turc, l’alliance de l’Azerbaïdjan avec les États-Unis créaient, pensions-nous, un équilibre des forces

destiné à neutraliser longtemps les tendances à la guerre. A l’abri des négociations du Groupe de Minsk, la paix de trente ans, croyions-nous, deviendrait lentement la paix d’un siècle. For t de cette croyance, nous avons agi comme si ces équilibres étaient éternels. La Guerre de Septembre 2020 nous a appris que nous avions tort : les alliances changent, les équilibres politiques s’inversent et les nations n’ont jamais d’éternels alliés, encore moins d’éternels protecteurs. De Gaulle disait : « Un homme peut avoir des amis, un pays jamais. » Il nous faut donc aujourd’hui confronter cette réalité gaullienne : dans cette région du Caucase où le fanatisme nationaliste ou religieux est l’unique idéologie, nous n’avons pas d’amis. Nous n’avons pas d’autre choix que de compter sur nous-mêmes.

Nous sommes seuls dans cette région, peut-être, mais pas ailleurs. Depuis longtemps, la France a été à nos côtés. Le moteur de cette alliance est l’action inlassable sur le terrain des associations arméniennes auprès des pouvoirs publics durant ces cent dernières années. Ce sont les messages de tous nos artistes, chanteurs, réalisateurs, musiciens, acteurs qui ont collectivement fait entrer l’Arménie dans le paysage culturel français et qui ont chaque année parrainé le Phonéthon. C’est l’action politique et humanitaire de Patrick Devedjian, au cours de ces trente dernières années, qui a donné à l’Arménie et à l’Artsakh une visibilité hexagonale. C’est enfin l’action culturelle et caritative de Charles Aznavour qui lui a donné sa notoriété mondiale. Aujourd’hui, toutes les grandes villes de France, Paris, Marseille, Lyon, Valence, Nice, toutes les grandes régions, l’Ile-de-France, le Sud, le Centre, une multitude de départements, sont à nos côtés. Grâce à cet immense mouvement collectif pendant plus de cent ans, l’Aménité fait partie de la culture française et toutes les manifestations haineuses des Loups Gris pilotés par Ankara n’y pourront rien sauf à mettre en relief, si besoin encore était, la différence entre ces Arméniens, défenseurs indéfectibles de la France et des valeurs européennes, et ses ennemis jurés. Aussi, gardons bien en mémoire qu’aujourd’hui défendre la France, c’est défendre l’Arménie contre ceux qui veulent affaiblir et détruire l’une et l’autre. Si nous sommes seuls dans le Caucase, nous ne sommes pas seuls dans le monde.

En ce sens, la rencontre entre le Fonds Arménien, l’UGAB et la Fondation Aznavour avec le président Macron à l’Élysée le 12 novembre marque un tournant significatif. L’action politique a besoin de l’action humanitaire : la première vise à protéger les droits d’une population, l’autre vise à la protéger matériellement. Les deux ont le même but : garder une terre qui a toujours été la nôtre, lui redonner une vie quand tout a été fait pour la lui ôter. Aider les habitants de l’Artsakh consiste à leur redonner un toit. Leur redonner un toit revient à pérenniser leur présence. Pérenniser leur présence revient à préparer l’existence d’une république reconnue. Avoir une république reconnue implique qu’on la protège. Protéger un pays, c’est compter sur ses propres forces. Chaque euro investi en Artsakh est un euro investi pour son avenir. Avant cette guerre, nous œuvrions pour le bonheur d’un peuple. Après cette guerre, nous œuvrons pour son existence.

L’histoire ne s’arrête jamais et le monde évolue. Demain sera ce que l’on en fera. Si, comme toujours, nous restons unis et si nous le voulons, demain sera à nous.

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