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Les Actus

L’après pandémie

[27/08/2020] – Tigrane Yégavian

Coronavirus : quelles conséquences pour l’économie arménienne ?

La pandémie a affecté l’économie arménienne qui avait connu des taux de croissance élevés (7,6% en 2019). Principaux moteurs de cette croissance touchés de plein fouet, les exportations et le tourisme. Depuis la mise en place de l’état d’urgence début mars, l’arrêt d’une partie importante de l’activité jette un voile d’incertitude sur la capacité de résilience de l’économie arménienne. Creusement des déficits, explosion de la dette extérieure… comme tant d’autres pays touchés par le Coronavirus, l’Arménie n’y échappera pas. Pour ce faire, la Banque centrale arménienne a procédé à des assouplissements monétaires afin d’injecter des liquidités dans l’économie. Mais il reste au gouvernement à répondre à un défi majeur : la présence non négligeable de travailleurs dans le secteur informel, qui passent au travers des filets de protection sociale.

Ceux qui gagnent leur vie à la journée et qui sont confinés pour risques de santé n’ont aucune ressource.
Selon l’économiste Gérard Achdjian*, il existe en Arménie un peu plus de 600 000 salariés dont 200 000 fonctionnaires et 400 000 salariés d’entreprises privées ; parmi ces derniers, subsiste une importante proportion de travailleurs « fantômes », c’est-à-dire des inconnus de L’État qui ne bénéficieront d’aucune aide. Lors de la session parlementaire du 13 avril, le vice-Premier ministre Tigran Avinyan avait appelé encore une fois les travailleurs de l’économie souterraine à s’identifier auprès de la commission des recettes publiques afin qu’elle puisse développer un programme pour répondre à leurs besoins. Toujours selon Gérard Achdjian, trois secteurs ont été touchés le plus durement : le tourisme,les exportations des fruits et légumes dont le principal marché est la Russie et le secteur d’extraction de cuivre. Le prix bas de ce métal créera à long terme des conditions difficiles dans ce domaine.

L’autre priorité d’Erevan est le plan de relance de l’économie. Le gouvernement a créé un fonds spécial à cet effet. Il s’agit d’articuler une politique de la demande en mettant à la disposition des citoyens des liquidités pour leur permettre de subvenir à leurs besoins courants, et d’une politique de l’offre en aidant les entreprises à redémarrer leurs activités à la sortie du confinement. Principal obstacle à cette aide publique, la capacité de L’État à répondre aux besoins des PME/PMI. L’enveloppe de 25 milliards de drams (environ45 millions d’euros) d’aide aux entreprises suffira-t-elle ?

Notons également l’existence d’un nouveau programme d’aide publique dans le secteur agricole. Les agriculteurs peuvent demander jusqu’à 1 million de drams, soit environ 2 000 euros sous forme de microcrédits avec des opportunités spéciales pour les coopératives agricoles. D’après Gérard Achdjian, ces dispositifs existent depuis 2019 et 9 000 agriculteurs en ont profité pour un montant global de 5,5 millions d’euros. En 2020, ce montant sera au minimum une fois et demie plus élevé et selon le ministre de l’économie, au moins 10 000 agriculteurs en bénéficieront.

D’autres aides enfin concernent les PME d’exploitations de serre. Elles ont été lancées en décembre 2019 et fin mars 2020 ; environ 80 exploitations avaient présenté une demande pour en bénéficier. La condition préalable est d’avoir assisté aux cours de formation organisés conjointement par l’Université nationale agraire d’Arménie et le Centre international de recherche et d’enseignement sur l’agroalimentaire (ICARE). Ces aides doivent permettre d’acquérir des serres de différentes catégories et superficies.

Très probablement, des changements importants vont se produire sur le marché du travail avec un accroissement du chômage ; le gouvernement doit pouvoir limiter les dégâts en augmentant les dépenses en capital et en créant de nouveaux emplois dans un vaste programme de modernisation des infrastructures du pays. Bref, s’inspirer des relances keynésiennes axées sur la demande. Encore faut-il que l’Arménie, extrêmement dépendante d’une économie russe en proie à d’immenses difficultés, soit en mesure de garder le cap qu’elle s’est donné.

*Gérard Achdjian, Covid-19, les conséquences économiques, France Arménie mai 2020

Des masques de protection made in Armenia

La Tavush Textile Companya lancé la production de masse de masques protecteurs à 3 épaisseurs et prévoit de doubler la production quotidienne de 150 à 300 000 masques.Cette décision intervient au moment où le ministre arménien de la Santé, Arsen Torosyan annonçait qu’un autre fabricant prévoyait également de commencer la production demasques de protection antiparticules de catégorie N95 (avec un filtre) et qu’un autre fabricantavait acquis une machine à Singapour pour démarrer la production. Bien que l’Arménie dispose actuellement d’un nombre suffisant de masques et d’équipementsde protection, le coût relativement élevé de ces articles, en hausse depuis le début de la pandémie, dissuadait les consommateurs.

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