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Les Actus

Bâtir l’avenir

[26/02/2022] – René Dzagoyan

Le Phonéthon 2021 a lancé un message : quelles que soient les vicissitudes que traverse l’Arménie, quelles que soient les raisons de douter, quelles que soient les tentatives de fragiliser sa solidarité, la volonté de la Diaspora ne faiblira pas et elle continuera à accorder sa confiance aux institutions qui ont servi la nation sans faillir. Les chiffres le prouvent.

A l’heure où la défaite de 2020 créait la peur et l’incertitude, où la pandémie isolait chaque être dans un individualisme protecteur, où les bas calculs de la politique tentaient d’instiller la défiance dans la Diaspora, les donateurs du Fonds Arménien ont massivement répondu que rien n’entamera leur confiance dans l’avenir de l’Arménie et dans le travail du Fonds Arménien. Le Phonéthon 2021 a permis d’enregistrer 1,7 million d’euros de promesses de dons soit une augmentation de 44 % par rapport à 2019, une année ordinaire qui précédait la guerre et l’effort exceptionnel de 2020, où une collecte d’urgence avait permis de recueillir, à partir de septembre, plus de 220 millions de dollars dans le monde, suivie, en novembre, par le Phonéthon français de 2020 où les dons ont culminé à 2,1 millions d’euro. Le montant absolu de ces chiffres, comme leur progression, démontrent à l’évidence que plus grand est le défi, plus forte est la volonté de vaincre.
Depuis près de trente ans que le Fonds Arménien œuvre sur le terrain, chacun connaît ses réalisations et ses objectifs : aider l’Arménie à atteindre l’indépendance alimentaire par l’amélioration des rendements agricoles et de l’élevage, la conduire peu à peu à l’indépendance énergétique par le développement des énergies naturelles et renouvelables, relever le niveau d’éducation et d’expertise en construisant des établissements d’enseignement, de l’école primaire aux lycées professionnels. Le but ultime, on pourrait même parler de vision, du Fonds Arménien est de contribuer à faire d’une Arménie encore fragile et dépendante de l’étranger, un pays autonome et solide, capable de défendre son existence et sa pérennité.
Mais répondons ici à quelques semeurs de doutes. Certains prétendent que le budget et les prêts internationaux dont dispose le gouvernement arménien aujourd’hui sont largement supérieurs à ceux des années 90 et que les apports du Fonds Arménien n’auraient peut-être plus l’importance stratégique qu’ils avaient au lendemain de l’indépendance. Certes.
Mais il n’en reste pas moins vrai que sans les apports de la Diaspora via le Fonds Arménien, nombre de paysans du Syunik n’auraient pas d’eau ni pour eux-mêmes ni pour leur bétail et seraient contraints d’abandonner leurs terres si convoitées par leur voisin ; que nombre de familles dans les régions rurales n’auraient pas de panneaux solaires pour se chauffer et continuer à vivre dans les campagnes ; que l’Artsakh n’aurait pas d’école professionnelle destinée à l’éducation des jeunes artisans formés à la reconstruction des maisons détruites, sans parler de l’aide alimentaire et autres apports. Le fait est que le budget de l’État arménien, même aujourd’hui, reste insuffisant au regard des besoins. Les investissements réalisés par le Fonds le complètent utilement, évitent d’aggraver une dette extérieure déjà importante et surtout permettent un apport de savoir-faire occidental si précieux.
Si certains mettent en doute les bienfaits des réalisations financées par la Diaspora, c’est sans doute faute d’aller sur le terrain mesurer les besoins de la population et la manière dont le Fonds Arménien et d’autres ONGs y répondent. C’est en tout cas ce que reconnaissent les collectivités et les pouvoirs publics français et étrangers qui sont des donatrices et donateurs du Fonds Arménien de France.
Pour mémoire, en effet, au lendemain du conflit de 2020, le Centre de crise et de soutien du ministère français des Affaires étrangères, vingt-trois collectivités territoriales françaises ainsi que le Parlement du Pays basque espagnol, le Fonds Meyer Louis Dreyfus ont permis, via le Fonds Arménien, en partenariat avec l’UGAB et secondé par la Fondation Aznavour, la distribution d’aide alimentaire auprès de 60 000 personnes. Importante par la solidarité qu’elle signale, cette aide est aussi significative de l’intérêt que l’Arménie suscite auprès des acteurs institutionnels étrangers. Le conflit de 2020 a mis en évidence la place stratégique de l’Arménie sur l’échiquier international. Menacée à l’est par un Azerbaïdjan coupé de l’ouest par le Syunik, bordée au sud par un Iran qui voit dans l’Arménie une de ses portes du nord, flanquée au nord par une Géorgie qui est coupée du sud, et cernée enfin sur tout le reste par une Turquie qui rêve de percer sa route vers l’est, l’Arménie se trouve au carrefour des routes stratégiques de tous les pays qui l’entourent. Contrairement à ce que prétendent ceux qui veulent enfermer l’Arménie dans une logique des blocs religio-culturels, elle n’est pas aux avant-postes d’un choc de civilisations.
Elle est aux avant-postes d’intérêts commerciaux qui s’exercent ou s’éteignent selon qu’elle existe ou qu’elle disparaît. L’Arménie est perçue par certains comme une empêcheuse de commercer en rond. En période de tensions, elle est l’objet de toutes les convoitises. En revanche, en période de paix, elle peut devenir une plateforme idéale pour le commerce des pays limitrophes, pourvu que s’ouvrent les voies de communication aujourd’hui soumises à des blocus frontaliers.
Dans la mesure où il n’existe pas de conflit qui dure éternellement et qu’il n’existe pas de pays qui restent ennemis jusqu’à la fin des temps, un jour ou l’autre, dans cette région, la paix se fera et ce jour-là, l’Arménie, traversée d’autoroutes du nord et sud et d’est en ouest, devra renouer avec sa vocation naturelle de plaque tournante financière et commerciale. Mais avant que ce jour arrive, il faut que l’Arménie existe, c’est-à-dire que sa population soit encore présente sur sa terre, et que prenne fin la tentation de l’émigration.
Il faut ensuite que cette population ait la capacité de survivre et de s’accroître, c’est-à-dire que l’agriculture, l’élevage, le secteur des services et de l’intelligence se développent jusqu’à l’autosuffisance. Il faut enfin que le territoire de cette population soit sanctuarisé, c’est-à-dire que la croissance économique permette une politique de défense qui lui garantisse, non point un pouvoir de conquête, mais un réel pouvoir de dissuasion.
Telles sont les conditions de l’existence de l’Arménie. Contribuer à remplir ces conditions, tel doit être l’objectif unique de la Diaspora. Le Fonds Arménien, depuis le début de son existence, est un des instruments pour atteindre cet objectif.
L’action du Fonds Arménien ne s’arrête pas avec le Phonéthon. Au contraire, la fin du Phonéthon sonne le début de son action sur le terrain.
Les années qui viennent vont être cruciales pour l’avenir de l’Arménie.
Qu’elle baisse les bras et renonce à restructurer son appareil d’État, son économie et son armée, elle se condamnera alors à vivre au gré de la politique de ses protecteurs ; qu’elle reprenne son destin en main en développant son agriculture, son artisanat, voire une industrie de transformation riche en matière grise, conditions d’une modernisation de l’armée, alors tous les espoirs sont permis. Grâce à ses donateurs, le Fonds Arménien fera sa part du boulot : contribuer à atteindre ces objectifs. Le futur de l’Arménie est ce que l’on en fera. Nous n’avons qu’un seul choix : bâtir l’avenir.

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