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Les Actus

Artsakh : témoignage de guerre

[21/12/2020] – Fonds Arménien de France

Anya se souvient du début de la guerre à Hadrout dans tous ses détails. « Le matin du 27 septembre, nous nous sommes réveillés au son de grondements et d’explosions. J’ai tout de suite réalisé que c’était la guerre, les enfants étaient perdus, ils ne comprenaient pas ce qui se passait ».

Témoignage de Anya Saryan de Hadrout, réfugiée à Artachat

Anya, ses 3 enfants et sa belle-mère sont réfugiés à Artachat, dans une maison vide qui leur a été prêtée.

« Nous sommes descendus au sous-sol avec les vêtements que nous portions, c’était plus sûr comme ça. Mon mari travaillait à ce moment-là, il travaille dans la minoterie de Hadrout. Quand ils ont commencé à bombarder notre quartier, nous avons décidé d’aller dans le refuge du voisin, nous avons serré les enfants dans nos bras et nous avons couru. Ensuite, le frère de mon mari, qui est soldat à la retraite, nous a dit qu’une grande guerre avait éclaté. Le même jour, le frère de mon mari a décidé de nous emmener hors de la ville car les bombardements empiraient. Nous avons quitté Hadrout. Mon mari nous a amenés au village de Mets Taghlar, chez mon beau-père, et il est retourné à Hadrout pour continuer à travailler dans la minoterie, car il y avait une grande demande de pain pour les soldats ».

« Nous espérions que cela serait fini dans deux ou trois jours, mais le troisième jour est passé et le quatrième, et cela ne s’est pas terminé. J’ai eu l’impression d’après les nouvelles que la guerre allait prendre fin lorsque l’indépendance du Karabakh serait reconnue. C’est l’impression que j’avais », dit Anya.

« Le matin du 10 novembre, j’ai appris par les informations qu’un accord avait été signé et que Hadrout n’était plus à nous. J’ai tellement pleuré. Quiconque n’a pas vécu au Karabakh ne comprendra pas cela », se souvient Anya émue.

Anya pense constamment à l’avenir encore incertain, pour elle et ses enfants․ « Nous n’avons rien décidé pour l’avenir, je ne sais pas, nous ne savons même pas quoi faire. Mes enfants sont allés à l’école là-bas, ils avaient des médailles et des diplômes, je n’ai pas eu le temps de prendre quoi que ce soit. J’ai seulement réussi à prendre les documents, passeports, certificats de naissance. Les enfants demandent souvent comment il se fait que les habitants de Stepanakert puissent rentrer chez eux, mais pas les habitants de Hadrout. Ce sont des questions difficiles, je ne sais pas comment répondre, je leur dis : eh bien, peut-être qu’un jour une telle décision sera prise pour nous ».

« Ils vont à l’école ici maintenant, c’est très difficile, ils pleurent, ils ne s’adaptent pas, même si nous avons été très bien reçus ici, très chaleureusement. Mon mari et mon fils aîné (il est à l’école, mais travaille pendant son temps libre) font des travaux de construction pour 5000 drams par jour. Nous n’avons encore rien décidé, nous ne savons pas ce que nous ferons à l’avenir. S’il y a une décision et qu’on nous donne une place dans d’autres colonies en Artsakh, nous reviendrons, mais maintenant c’est encore incertain ».

Grand-mère Gyulizar, 85 ans, est la doyenne de la famille Saryan. Elle a 9 enfants, 3 garçons et 6 filles. L’un des garçons, qui était officier de réserve, avait vécu toutes les guerres d’Artsakh. Il est mort au cours de la guerre. Grand-mère Gyulizar ne peut pas accepter l’idée qu’ils n’aient même pas pu honorer l’âme de son fils mort. Ils étaient à table quand l’attaque est arrivée, ils ont quitté la table et sont partis quand ils ont appris que les forces ennemies attaquaient le village.

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