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Les Actus

Agriculture : Aide d’urgence pour le Syunik
(et bientôt pour l’Artsakh)

[28/07/2021] – Article collectif rédigé à partir de notes et rapports de visites et d’enquêtes

Vue du magnifique paysage autour du réservoir de Spendaryan, dans la région du Syunik

 

Le Syunik, dans le sud de l’Arménie, est en proie à une importante instabilité géostratégique depuis la fin de la guerre.
Le Fonds Arménien de France vient de lancer une aide d’urgence à son agriculture.

Tous ceux qui suivent l’actualité arménienne connaissent la situation dramatique de la province de Syunik. Le Fonds Arménien de France se devait d’agir, bien sûr. A la différence du projet agropastoral qu’il réalise depuis 2009 dans le Tavush (qui est structurel et vise le long terme), il s’agit dans le Syunik de fournir une aide d’urgence pour créer de nouvelles activités agricoles en soutien à des populations qui sont accrochées à leur terre, mais manquent cruellement de moyens de subsistance.

Le Syunik est frontalier de l’Iran. C’est à travers cette région que le Fonds Arménien mondial Hayastan a pu importer des denrées de première nécessité (essence, diesel, blé, etc.)
lorsque la Turquie et l’Azerbaïdjan ont décrété un blocus terrestre en 1993 pour tenter d’étrangler l’Arménie. La quatrième frontière de l’Arménie, avec la Géorgie (qui commande l’accès à la mer Noire et les voies de communication terrestre avec la Russie) était souvent fermée. En effet, la Géorgie était, à l’époque, en proie à l’instabilité. Des éléments armés azéris en profitaient pour saboter le chemin de fer ainsi que le gazoduc qui desservent l’Arménie. On comprend donc l’importance du Syunik pour l’Arménie. Pour la Turquie et l’Azerbaïdjan, qui ne cachent pas leurs visées pan-touranistes, le Syunik est un obstacle qu’il faut faire sauter pour établir une continuité territoriale turcophone allant de la Méditerranée jusqu’aux steppes de l’Asie centrale, berceau des Turcs seldjoukides arrivés au XIIème siècle au Caucase et en Anatolie.

Peu après la dernière guerre, parallèlement à la distribution de colis alimentaires, le Fonds a créé dans le Syunik une première équipe d’enquête pour identifier les problèmes les plus urgents. Elle est composée de deux jeunes franco-arméniens, qui ont sillonné les villages de la région, étudié la géographie, rencontré les habitants, les maires, et identifié les problèmes les plus urgents ainsi que les actions potentielles pouvant être réalisées le plus rapidement possible, avec des investissements légers et donnant des résultats rapides. Une exception par rapport à ce dernier point : les plants d’arbres qui sont distribués.
Certes, ceux-ci ne donneront des fruits que dans quelques années, mais leur présence dans cette aide est aussi un message : le Syunik ne sera pas abandonné.
Le travail de l’équipe d’enquête sur place a été complété par des visites fréquentes organisées à partir d’Erevan ou de France par des responsables du Fonds et des bénévoles. Bien que les enquêtes se poursuivent, il a été décidé de lancer sans plus attendre une aide d’urgence pour les villages déjà répertoriés, qui constituent un cluster autour de Tegh, soit plus de 5 500 habitants.

« Cerné des trois côtés par les positions azéries, seule la route de trois kilomètres menant à Tegh permet au village d’Aravus de se désenclaver », explique Jean-Armand, l’un des deux enquêteurs franco-arméniens. Il décrit les difficultés majeures auxquelles le village est confronté. « Il n’y a aucune irrigation en eau; même l’eau potable subit des coupures régulières, parfois durant plus de deux jours.
Les habitants sont contraints de stocker l’eau dans des citernes, tant bien que mal. Les zones de pâturage, qui se trouvaient avant la guerre dans la région de Kashatagh, en Artsakh, sont désormais aux mains de l’Azerbaïdjan. Les villageois ont été obligés de vendre leur bétail à des prix dérisoires ; certains se sont même fait arnaquer et n’ont pas été payés. N’ayant plus de source de revenus, c’est l’agriculture de foyer qui leur permet de s’alimenter tant bien que mal ».
Dès le printemps, Jean-Armand et son co-équipier ont distribué 700 plants d’arbres fruitiers « pour établir le contact, leur montrer qu’on ne les oublie pas ».

Jean-Armand souligne que « le défi, aujourd’hui, est de faire en sorte que ces gens, qui ont toujours vécu grâce à l’élevage, passent désormais à une agriculture de proximité ou à un élevage de basse-cour. L’objectif à long terme est clairement de transformer le mode d’agriculture des villages frontaliers du Syunik qui se sont retrouvés dans le même cas que Aravus. Par sa position géographique, Aravus est l’un des villages les moins bien situés. Je dirais qu’en terme d’enclavement, dans la région de Tegh, il arrive immédiatement après le groupe composé de Khoznavar, Vaghatur et Knatsakh.
Aravus est également le village qui, comparé aux autres villages de la communauté de Tegh, a le moins de zones de pâturage ».

Après les premiers repérages, voici donc les premières actions décidées ou déjà entreprises :

  • distribution de serres de 100 m2 chacune fabriquées par les élèves de l’école des métiers EPYM de Stépanakert (économie de 40 %) ;
  • distribution de ruches fabriquées par l’EPYM ;
  • fourniture de quatre pompes à eau ;
  • distribution de 1 000 poules pondeuses de 7 à 8 mois ;
  • contrat pour le forage d’un puits ;
  • construction envisagée d’une retenue d’eau ;
  • fournitures de fils barbelés pour 5 ha ;

En étude : machine à sécher les fruits ; eau potable et irrigation (ou double utilisation, selon le cas) ; fourniture de motoculteurs, etc.
La distribution de plants d’arbres fruitiers (très demandés) se poursuivra, avec élargissement à d’autres villages.
Les enquêtes de terrain se poursuivent : le programme évoluera et sera amplifié en fonction de l’identification de nouveaux besoins.

AIDE À L’AGRICULTURE DE L’ARTSAKH

En Artsakh, où la construction de logements a démarré à vive allure (voir le numéro précédent du Courrier), le Fonds Arménien prépare une intervention dans le domaine agricole. Des rencontres ont eu lieu à cet effet avec les autorités ainsi que des visites sur le terrain. Le but prioritaire est d’accompagner les personnes déplacées en leur procurant des moyens de subsistance.
En plus de leurs habitations, elles ont perdu leur bétail, leurs terres agricoles, leurs alpages. La demande est tellement pressante de la part des autorités que, malgré leurs moyens financiers très limités, celles-ci ont proposé au Fonds d’abonder ses investissements.
Objectifs : accélérer les programmes, apprendre au contact des équipes du Fonds, profiter des méthodes de suivi du Fonds.
Le programme pourrait démarrer dans la région de Mardouni. Ici, il est envisagé de :

  • fournir des serres de 100 m2 pour compenser la perte de terres (fabrication EPYM) ;
  • distribuer des semences de blé, de maïs, etc. selon les besoins et les demandes ;
  • distribuer des plants d’arbres fruitiers ;
  • fournir des motoculteurs et des petits tracteurs (en fonction des superficies et du relief) ;
  • fournir du petit matériel pour la fabrication artisanale de fromage (moules, bacs de salage, casiers, ferments etc.).

Avec le démarrage prochain du forage de puits et de la construction de retenues d’eau.

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