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Les Actus

À la pointe des traitements
contre le cancer :
 le service d’oncologie du
centre médical Naïri, à Erevan.

[28/07/2021] – Astrid Avédissian

En 2012, Kévork Apkaryan, alors médecin réanimateur en région parisienne, a fondé un service d’oncologie au sein du centre médical Naïri, à Erevan.
Récemment modernisé, ce service, dirigé par l’oncologue arménien Levon Badalyan, ne cesse d’innover, en coopération avec des hôpitaux français.
Les deux médecins travaillent en étroite collaboratioN.
Dr. Kévork Apkaryan

Après avoir exercé durant 40 ans en France, en tant qu’anesthésiste-réanimateur, le Dr. Kévork Apkaryan s’est installé en Arménie, l’an dernier. Il est aussi le fondateur de l’école Hrant Dink d’Arnouville.

Dr. Kévork Apkaryan, pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Kévork Apkaryan : Je suis né à Istanbul en 1953. J’y ai étudié dans une école primaire arménienne, un collège-lycée anglais, puis à la faculté de médecine. J’ai émigré en France en 1980. J’ai dû repasser un examen, assez dur, car mon diplôme turc ne me permettait pas d’exercer. Diplômé de Paris V, j’ai exercé en tant que médecin réanimateur, d’abord à
l’hôpital Necker, puis à Sarcelles, jusqu’en 2020.

Comment s’est traduit votre attachement à l’Arménie ?
K.A. : Je suis parti apporter mon aide en Arménie suite au tremblement de terre de 1988 et lors de la guerre des années 1990. Je présidais alors l’Union Médicale Arménienne de France. En 2005, j’ai acheté une ancienne imprimerie à Arnouville, en banlieue parisienne, pour y fonder une école franco-arménienne. Ouverte en septembre 2007, elle a été baptisée Hrant Dink (en hommage au journaliste turc d’origine arménienne assassiné le 19 janvier 2007). Rakel, sa veuve, visite régulièrement l’établissement. J’avais rencontré Hrant en France. J’étais un anti-turc convaincu, même si je ne mets bien sûr pas tous les Turcs dans le même panier. Hrant a en grande partie réussi à me convaincre de ne pas les haïr, mais de leur expliquer leur histoire, qu’ils connaissent mal. C’est pour cela que je suis retourné en Turquie 33 ans après mon départ. J’ai gardé de fantastiques camarades de classe et amis turcs, qui re connaissent le génocide. Nous n’avons jamais eu de soucis ethniques à l’école. A la faculté peut-être  un peu…
Au début de la guerre en Artsakh, en octobre 2020, j’ai accordé une interview à Aris Nalci, un journaliste arménien de Turquie installé en Belgique qui avait travaillé avec Hrant Dink et dirigé la rédaction d’Agos après son assassinat. Nous avons reçu beaucoup de menaces de la part de Turcs suite à cet article. Je ne retournerai pas en Turquie, sauf s’il arrive quelque chose à ma mère.

Vous avez emménagé à Erevan il y a un an. Comment avez-vous vécu la guerre ?
K.A. : L’été dernier, j’ai réalisé mon rêve : m’installer en Arménie. Mais la guerre a tout chamboulé. Je voulais partir en Artsakh avec des médecins de l’hôpital Erebouni, mais comme je gardais des séquelles du Covid, ils ont refusé. Ils avaient raison. J’ai vu beaucoup de soldats atteints du Covid. Des médecins sont revenus avec. J’ai été intubé le 27 mars 2020. Je suis resté 35 jours dans le coma.  Le Dr. Jean-Michel Ekhérian (président de Hay-Med) m’a transféré dans son service à Lariboisière, à Paris. Il m’a sauvé la vie ! Nos grands-parents viennent du même village, Keskin-Maden, en Anatolie.
Pendant les 44 jours qu’a duré la guerre, je suis resté à Erevan. Je me rendais tous les matins à
l’hôpital Erebouni. Je participais aux réunions et essayais de réconforter les blessés. Les médecins et les infirmières ont fait un travail
formidable. Il y avait 55 places de réanimation, sur deux étages. C’est énorme. Un service de réanimation, c’est maximum 30 lits. Ils avaient préparé ce service pour le Covid, mais ils l’ont utilisé pour les blessés de guerre. Et tous les après-midis, je me rendais au service de  cancérologie de l’hôpital Naïri.

Vous avez fondé ce service en 2012…
K.A. : C’était la dernière volonté de ma première épouse, décédée d’un cancer le 20 avril 2012. Il porte son nom, Tamara Kasavi Apkaryan. Il est jumelé avec le service de  cancérologie de Sarcelles et ressemble beaucoup à celui de l’hôpital Beaujon, à Clichy, où elle était soignée. Elle était juive et très dévouée à la cause arménienne.
Le centre d’oncologie de Naïri a été modernisé il y a quelques mois. C’est maintenant une grande salle avec entre 12 et 14 lits pour les malades ambulatoires. Chaque patient dispose d’un lit automatique, d’une télé, et est nourri.
J’ai choisi l’hôpital Naïri, car le scanner, l’IRM et le laboratoire dont il dispose sont très performants. On m’a laissé embaucher tous les médecins et les infirmières du service. Je les ai notamment sélectionnés en fonction de leur aptitude à travailler dans un service européen. J’ai choisi le Dr. Levon Badalyan parmi dix candidats en 2012. Il possède un très bon niveau d’anglais. J’ai créé ce service de cancérologie, car j’en avais assez que les patients m’appellent pour être soignés en France. Maintenant, nous travaillons aussi  efficacement en Arménie qu’en France.

Quels sont vos projets ?
K.A. : Nous allons bientôt commencer à coopérer avec le centre régional de lutte contre le cancer Gustave Roussy, à Villejuif. Il y a un super médecin arménien qui y travaille, Charles Hakhverdyan. Il fait des recherches cliniques. Levon Badalyan, le chef de notre service d’oncologie, a été choisi pour démarrer un projet, dirigé par Charles Hakhverdyan, d’essais cliniques en Arménie, pour de futurs produits en cancérologie. Nous allons tester des médicaments en phase 3, c’est-à-dire qui ont déjà fait leurs preuves, sur des patients arméniens. Ce ne sont pas des cobayes. Ces traitements coûtent entre 4 000 et 5 000 euros par mois. Les patients arméniens les recevront gratuitement.
Par ailleurs, le docteur Arsène Mekinian, immunologiste à l’hôpital Saint Antoine, à Paris, et président du collectif Santé Arménie, a créé un service d’immunologie à Naïri. Nous allons traiter des maladies rares, comme on les traite à Saint Antoine. Les dossiers de tous les patients seront envoyés à Arsène. Il validera le traitement. Nous allons commencer incessamment sous peu. Il faut aider Santé Arménie, c’est un projet qui fonctionne bien. Il faut aussi aider le docteur Jean-Michel Ekherian, parce qu’il connaît parfaitement bien l’Artsakh. Dès que ma santé le permettra, j’irai en Artsakh, mais je garde toujours des séquelles du Covid.

Dr. Levon Badalyan

Oncologue clinicien, le Dr. Levon Badalyan est le chef de service d’oncologie du centre médical Naïri, à Erevan. Il occupe ce poste depuis 2012.

Dr Levon Badalyan, pouvez – vous nous présenter votre parcours ?
Levon Badalyan : J’ai 38 ans et je travaille dans le domaine de l’oncologie depuis environ 15 ans. En 2012, j’exerçais comme oncologue au Centre national contre le cancer, à Erevan. Je venais de terminer mon doctorat. Je cherchais de nouvelles opportunités. Par chance, un tout nouveau département d’oncologie venait d’ouvrir au centre médical privé Naïri. Après un entretien, j’ai été sélectionné pour occuper l’unique poste de médecin du département existant à ce moment-là.

Comment travaillez-vous avec le Dr. Kévork Apkaryan ?
L.B.:
Nos premiers échanges se sont faits par e-mails, parce qu’il était à Paris la plupart du temps. Quand je l’ai finalement rencontré, il m’a beaucoup impressionné. C’est le médecin le plus gentil que j’aie jamais rencontré. Nous avons développé une très bonne coopération et amitié. Dès mes premiers jours, il m’a été très facile de travailler avec lui, en raison de sa nature douce et facile, ainsi que de son grand professionnalisme. Je lui envoyais les dossiers de nos patients; il les présentait à son équipe à Paris, obtenait les meilleures recommandations de traitement et me les renvoyait. C’était une avancée majeure pour l’oncologie arménienne, une réelle mise en œuvre de l’oncologie européenne dans notre pays.

Comment a évolué le service d’oncologie ?
L.B.: Notre service de chimiothérapie et notre service d’oncologie sont devenus célèbres en très peu de temps et jusqu’à présent, ce sont
parmi les meilleurs d’Arménie. Au cours de ces neuf années, nous avons reçu des milliers de malades, pour des traitements ou des conseils. Notre département s’est depuis agrandi. Notre équipe compte aujourd’hui cinq médecins et huit autres soignants. Nous traitons des patients atteints de tous types de cancer, en mettant constamment nos thérapies à jour. Nous allons bientôt démarrer des essais cliniques internationaux au sein de notre service, en collaboration avec le célèbre hôpital d’oncologie français Gustave Roussy.

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